21.10.20

Maki Ueda – Du Kôdô à l’art olfactif

 Maki Ueda – Du Kôdô à l’art olfactif



L’odorat, sens un peu ”oublié”, est remis au goût du jour par l’attrait actuel pour l’invisible et l’éphémère. La Japonaise Maki Ueda a fait de l’odeur son médium de prédilection. Elle est devenue une des références internationales de l’art olfactif contemporain émergent.
Partant de là, la créatrice s’est intéressée au Kôdô cet art japonais qui consiste à humer l’encens issu de bois précieux. Elle s’est rapidement affranchie du protocole instauré par les maîtres du Kôdô. Elle a repris en revanche à son compte, leur goût pour la performance et le jeu. Dans son œuvre, cette globe-trotteuse formée aux sciences de l’environnement, s’appuie autant sur les pratiques des arts numériques que sur celles, ancestrales, de la parfumerie de Grasse ou de Delhi.


Très vite, son approche multiculturelle et avant-gardiste de l’odorat, impose la jeune artiste auprès des milieux artistiques du monde entier. Cette pionnière de l’olfaction – qui se partage entre le Japon et les Pays-Bas – est rapidement sollicitée pour la mise en place de performances. Celles-ci mêlent danse, théâtre, musique et arts graphiques.


Les fragrances qu’elle compose, n’utilisent que des produits naturels. Elle va se former à Grasse pour mieux comprendre l’extraction naturelle du parfum. En 2014, elle décide de rejoindre Aastha, l’héritière d’une lignée d’artisans parfumeurs, de Kannauj, dans le nord de l’Inde. Cette dernière lui fera découvrir les secrets de l’Attar, une méthode de distillation à l’huile – et non à l’alcool, comme elle se pratique en Occident – vieille de 5 000 ans !

Ce qui m’intéresse dans l’art olfactif, aujourd’hui, c’est l’expérience immersive, la perte de repère et l’idée même du mouvement », résume Maki Ueda. A l’occasion du lancement de MX-30, Maki Ueda propose une expérience olfactive exclusive en référence aux accords de Paris sur le climat.

Elle convie les participants à s’interroger sur l’odeur du réchauffement climatique. Cette installation, travail de laboratoire sur les sens, l'odorat et la température, tente de répondre à ces questions. Maki Ueda présente ici deux structures indépendantes maintenues à la même température. L'une diffuse des odeurs qui agissent sur les sens froids et l'autre des odeurs qui agissent sur les sens chauds. Les visiteurs se promènent entre ces deux espaces.

L’artiste suggère à l’utilisateur d’utiliser les odeurs du froid pendant les périodes chaudes et les odeurs du chaud quand il fait froid. Nous pourrons peut-être ainsi gagner en résilience grâce aux odeurs et réduire notre consommation d'énergie.

Les substances aromatiques agissent non seulement sur notre nez, mais aussi sur nos poumons, nos yeux et nos muqueuses. « Lorsque je teste un parfum froid, mes poumons sont froids, même lors d’une journée d'été très chaude et humide. L'odeur chaude a rendu ma gorge chaude. Les substances aromatiques sont absorbées par les glandes sudoripares ainsi que par les muqueuses. Les odeurs peuvent même agir sur les sensations froides et chaudes de cette manière, même si elles ne sont pas reconnues comme des odeurs ».

Pour cette recherche Maki Ueda a travaillé avec Jas Brooks, un scientifique et artiste de l'Université de Chicago.


(writtey by Natacha Ami, the curator of 48 Nord Paris)

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